La réflexion qu’il avait fait avait eu l’effet escompté. Lorsqu’il sentit la tape sur son épaule il se mit à rire de plus bel, entamant déjà la descente des escaliers. Kieran observait sagement Linden enfiler sa veste dans une position plutôt amusante. Il la rattrapait pour ne pas qu’elle tombe, laissant son bras à disposition si elle en avait besoin. Et visiblement c’était le cas. Il sourit une énième fois puis la laissait passer pour sortir de la maison. Une fois dehors, il jetait un coup d’œil à la voiture de la jeune femme et haussait les sourcils, sourire en coin. « Pas mal. ». Il la suivit sans broncher, acceptant le deal. Depuis son retour à Clifden, il n’était pas allé chez Barry, ce nom ne lui disait pas grand-chose, peut être que voir la tête du dit patron lui ramènerait un peu la mémoire. En silence mais visiblement heureux d’être là, l’amnésique montait dans la voiture et effleurait le tableau de bord en fronçant les sourcils. « Vraiment pas mal. ». Il s’enfonça dans son siège en soupirant de bonheur et observait le paysage. Pendant tout le trajet il resta plus ou moins silencieux, ne sachant trop quoi dire hormis parler des différentes maisons qu’ils pouvaient voir. Dès qu’une lui disait quelque chose, il ne pouvait s’empêcher de le dire à la blonde. Comme si ça avait une quelconque importance. Une fois arrivé devant le bar, il sortait de la Chevrolet et observait la façade. Pour être déjà venu ici, il était censé la reconnaître, mais pour l’instant, rien. Il détestait sincèrement cette fichue mémoire, ces flashs qui n’apparaissaient que lorsqu’ils le voulaient. Des fois ça le rendait malade. Il passait ses plaques sous son T-shirt et suivait Linden à l’intérieur, la laissant l’emmener là où ils étaient censés être. De la vieille musique passait en boucle alors que certains habitants étaient déjà là, avec une bonne couche d’alcool dans le sang. Il tournait la tête sur sa droite pour voir d’autres tables supplémentaires, dont certaines étaient déjà occupées. Il ignorait s’il connaissait des personnes de cet endroit, et ce serait sans doute ça le plus embarrassant, que quelqu’un le reconnaisse et vienne le voir alors que lui, ne se souvenait même pas de ce qu’il aimait faire étant gosse.

Kieran se doutait qu’elle devait aller se préparer, alors il la laissait filer quelques secondes, ayant tout d’abord déposé un baiser sur ses lèvres. Puis, il s’asseyait au bar, continuant de regarder autour de lui, les bouteilles posées sur les étagères au mur, les rangées de verres, certains plus scintillants que d’autres. Il n’était pas tard et pourtant il y’avait déjà quelques personnes, n’avaient-ils que ça à faire de leurs journées ? En attendant que sa douce ne revienne, le jeune homme réfléchissait à ce qu’il allait bien pouvoir faire niveau travail, il n’allait pas continuer à vivre avec sa « retraite » pendant des années, même s’il pourrait. Perdu dans ses pensées, il n’entendit pas tout de suite son téléphone sonner. Le sortant rapidement de la poche de son jean, il se demandait qui pouvait bien l’appeler à cette heure-ci. Lorsqu’il aperçut l’écran il vit marqué « Mum ». On lui avait rendu son portable comme il l’avait laissé, certains noms dans le répertoire ne lui disait absolument rien. Un soupir franchissait le seuil de ses lèvres alors qu’il osait tout de même décrocher. La voix de la femme qui avait juré être sa mère retentit à l’autre bout du combiné.

« Kieran ? Je voulais prendre de tes nouvelles, cela fait un bout de temps que tu étais censé passer nous voir moi… Et ton Père. Je commençais à me faire du souci. ». L’amnésique ne savait pas trop quoi répondre, il se sentait encore mal à l’aise lorsqu’il se trouvait à leur côté, pourtant… Il aurait dû les prendre pour une occasion d’en apprendre plus sur lui. Sans doute avait-il besoin d’eux mais il ne savait jamais comment agir. Sa mère était venue assez souvent lorsqu’on lui avait annoncé que son fils avait tout oublié sauf une personne. Celle qu’il avait toujours appelé, le nom qu’il avait toujours hurlé quand il comprenait qu’elle ne viendrait jamais le voir dans « cet enfer ». Mrs Donovan aimait son fils plus que tout, et elle ne pouvait s’empêcher, elle et son mari, de penser que si tout cela était arrivé, c’était uniquement par leur faute. Après tout, ils l’avaient poussé à faire ce métier là. Un métier qui l’avait dévasté et qui le rongeait probablement encore de l’intérieur. L’inquiétude se faisait sentir dans sa voix, alors Kieran savait qu’il devait dire quelque chose au plus vite. « Je… Je suis désolé, je n’ai pas vraiment eu le temps dernièrement. Je vais plutôt bien, même… Très bien depuis quelques heures, je l’ai enfin retrouvée. ». Il sourit en terminant sa phrase, ce qui se sentit au téléphone. Le cœur de Mrs Donovan se serra dans sa poitrine à l’entente de ses mots là, bien, il l’avait retrouvé. Elle n’avait jamais rien eut contre Linden, voyant pertinemment son fils s’en sortir grâce à elle, du moins, avant la chute qui les avait tous surpris. Elle lui en avait tout de même voulu au début de laisser tomber sa fiancée pour repartir dans une nouvelle aventure qui ne durerait peut être pas autant qu’avec Rory. Mais Mrs Donovan acceptait les choix de son fils unique, seul son bonheur comptait, encore plus maintenant qu’avant. L’amnésie de Kieran l’avait fait beaucoup souffrir, voir son propre fils vous regarder comme une étrangère ne devait pas être très simple. Mais elle s’accrochait, souhaitant qu’il retrouve la mémoire. « C’est une bonne nouvelle mon chéri. J’aimerais tout de même que tu passes à la maison ces prochains jours, je voudrais être sûre que tout va bien. Tu peux faire ça pour moi ? ». Kieran passait une main sur son visage. « Oui…. Je passerais. Au revoir… ». Il ne l’appelait jamais « Maman », il n’y arrivait pas, il savait à l’intérieur que c’était bien elle, mais tout restait encore trop vague, et ça lui paraissait tellement étrange d’avoir à l’appeler comme ça. Il ne voulait pas lui faire de la peine, non, mais inconsciemment il lui en faisait quand même… Ce n’était pas de sa faute, l’amnésie n’était pas quelque chose qui facilitait les relations avec les proches, ceux qui avaient été oubliés.

Son regard se perdit dans le vide quelques instants. Finalement, il relevait les yeux, le téléphone sur le comptoir et apercevait sa chère et tendre revenir. Aussitôt, il lui prenait la main, l’air un peu contrarié.

Des bruits de verres qui se posaient. Un léger brouhaha qui s’accentuait au fur et à mesure des discussions des clients déjà présents. Kieran observait le fameux Andy s’approcher et attraper son verre, alors que Linden posait déjà sa main sur la sienne, main qui tenait déjà une de celles de la jeune femme. Il levait les yeux vers elle, calculant l’inquiétude qu’elle ressentait à ce moment là. Il lui sourit, pour la rassurer. « Ma mère. Elle aimerait que je passe la voir. ». Puis il rebaissait les yeux, l’air penaud et plutôt embarrassé. « Je sais pas vraiment comment agir avec elle… Pour moi ils sont encore comme des « étrangers ». Je ne veux pas leur faire de la peine bien sûr mais… Je ne sais pas. ». Un triste sourire apparaissait sur ses lèvres alors qu’il serrait sa main plus fort, l’attirant finalement à lui pour y déposer un baiser. « Bref…Ce n’est pas très important. Alors ? Je parie que tu sais ce que j’aime boire… ». Une once de défi passait dans ses yeux, la toisant ouvertement et attendant qu’elle ne se décide à venir lui servir son verre. Il se tournait sur son tabouret pour observer les clients, était-il censé en connaître quelques uns ? Il ne savait pas vraiment. Son regard s’arrêtait sur les deux types au drapeau, fronçant les sourcils, Kieran les trouvait louches. Il ne saurait dire pourquoi. Au bout de quelques minutes il se remettait face au comptoir et croisait le regard de Barry, celui-ci le dévisageait. Pourquoi ? Le jeune homme se mit à l’interroger du regard, se demandant s’il avait une tâche ou quoi que ce soit d’autre. Non, Kieran n’avait pas remit les pieds ici depuis un peu plus d’un an, sans doute aurait-il bien aimé. Buvant une gorgée du liquide servi par Linden, il partait dans ses réflexions. Sortant les plaques de sous son t-shirt il se remettait à les effleurer, les regardant longuement. « Kieran L. Donovan. » Nul doute, c’était bien les siennes. Ses doigts passaient sur les lettres gravées, comme si elles avaient une histoire à lui raconter. Le rang, lui, il l’ignorait. Ne les quittant pas des yeux, il se mit à se répéter les différents rangs militaires, ça il ne l’avait pas vraiment oublié. Il n’était pas colonel, ni un simple officier, non. Quelque chose lui disait qu’il avait grimpé les échelons sans être non plus un grand supérieur.

Kieran avait une nouvelle gorgée, laissant sa chère et tendre faire son service. Les clients semblaient toujours un peu plus nombreux. L’un d’eux le bousculait et c’était le flash.

« Pardon Major. ».
L’officier semblait gêné de lui être rentré dedans de la sorte. Le Major ne relevait pas. « Ce n’est rien sergent. ». Il lui faisait signe de ramper. L’heure était aux entraînements réguliers. Kieran sortait tout juste de la salle de musculation, il avait maintenant rendez vous avec l’une de ses équipes pour l’entraînement extérieur. Il aimait ce qu’il faisait. Sincèrement. A peine avait-il franchit les portes de la caserne qu’il apercevait d’autres soldats entrain de faire un parcours du combattant. Cela portait bien son nom d’ailleurs.

« Pardon mon gars. ». Le jeune homme avait les yeux rivés sur le type qui l’avait bousculé. Il secoua la tête avant de comprendre que le mec en question s’excusait. Il fronça les sourcils. « Ce n’est rien. ». Kieran buvait une nouvelle gorgée, reposant ses yeux sur « sa petite amie ». Avait-il le droit de l’appeler ainsi ? Sûrement. Les regards qu’ils se jetaient en disait long sur l’étendue de la relation en tout cas… Une fois que les clients furent un peu moins nombreux, il l’appelait et se penchait vers elle, sourire aux lèvres, fier de s’être souvenu d’un petit détail. Tout petit… Détail mais pour lui c’était déjà énorme. « J’étais Major n’est-ce pas ? ». Il lui souriait, comme un gamin qui venait de trouver la réponse à une question. Fier de lui. « J’aimerais vraiment me souvenir de tout. ». Oui, à ce moment là, l’amnésique était véritablement impatient de tout se rappeler, mais il ignorait les conséquences. Il avait des hauts et des bas, un coup il en avait peur et l’instant d’après il voulait en savoir plus. Telles les montagnes russes.

Spoiler:

Une partie retrouvée. Une personnalité qui refaisait surface au fur et à mesure des flashs. Bon ou mauvais signe ? Kieran se perdait dans les yeux de sa douce, une main dans la sienne. Ce coup de téléphone avait toutefois glissé des nuages gris au dessus de la bonne humeur de l’amnésique qui tentait de renouer avec un passé perdu. Sa mère, celle qui l’avait aidé quand elle avait apprit son amnésie, celle qui souhaitait se rendre à son chevet tous les jours. Le seul obstacle ? Lui. Il n’arrivait pas à s’y faire, pour lui, elle était encore qu’une étrangère. Il arrivait parfois que Mrs Donovan jalouse en silence cette Linden dont il ne cessait de parler. S’il avait pu l’oublier aussi, elle aurait sûrement été ravie. Baissant les yeux, il redressait finalement la tête pour offrir un sourire à seule et unique personne dont il se souvienne réellement. Certains passages comme leur rencontre ou encore ces moments partagés ici étaient vagues mais il se souvenait d’elle et surtout de l’amour qu’il ressentait pour la jolie blonde, parce qu’il était toujours d’actualité, bien ancré au creux de son cœur qui ne battait la chamade que pour elle. Juste, elle. Il pinçait les lèvres lorsqu’elle demanda à qui il venait de parler, mais il lui répondit franchement. Prétextant que ce n’était pas important, il venait poser ses lèvres contre les siennes en un tendre baiser, et changeait de sujet, mais la jeune femme ne semblait pas l’entendre de cet avis. Il remarqua son mécontentement et ne put que soupirer, baissant la tête vers le sol. Kieran écoutait les mots de Linden avec attention, comme toujours depuis qu’il l’avait retrouvé. La laissant parler jusqu’au bout, il relevait finalement les yeux sur elle, peiné et un peu perdu vis-à-vis de ça…

« Je ne prends pas ça à la légère… Elle était là tu sais. Lorsque les psys ont fait leur diagnostic, il parait qu’elle a accouru. Je ne l’ai pas reconnue, et je ne la reconnais toujours pas… J’ai vu son regard lorsque je lui ai demandé ce qu’elle faisait là, ou encore si c’était une nouvelle infirmière. J’ai vu la tristesse dans son regard et… Je ne sais pas si c’est une bonne idée de lui faire subir ça encore et encore. ».

Il avait senti cette peine à travers les yeux de sa mère ce jour là. Tout comme il avait senti ceux des médecins qui ne comprenaient pas et qui continuaient de l’observer comme s’il était un danger public. Chose que l’ex militaire n’avait d’abord pas comprit jusqu’à ce que sa « petite amie » ne lui avoue de vive voix toute la violence qui avait émané de lui. Pour le coup, il se sentit un peu mal à l’aise, il demandait ce qu’il buvait d’habitude, avec un sourire sincère, mais intérieurement, il ne savait pas franchement quoi penser. De lui, ses parents, sa vie oubliée. Il ne voulait plus sentir ces regards là sur lui, il n’était pas un monstre ou même un psychopathe. Voyant un sourire apparaître sur les lèvres de Linden, Kieran en faisait autant, lâchant sa main temporairement pour qu’elle puisse le servir. Une fois le whisky dans le verre il buvait une gorgée et semblait comblé par le goût. Puis un flash apparut sans même qu’il ne s’en doute une seule seconde. Il avait suffit d’une simple bousculade pour comprendre quel était son rang au sein de l’armée. Une excuse pour une même réplique, preuve irréfutable que le Kieran que connaissait bien la blonde était toujours là, quelque part. L’amnésique était une seule et même personne, celui qu’il était avant l’incident, insouciant, bon fêtard et probablement un peu naïf. Une fois la jeune femme revenue, il posait la fameuse question, comme pour s’assurer qu’il n’avait pas tout simplement imaginé cette foutue scène dans l’espoir d’avoir une réponse. Observant Linden signer à l’affirmative, le jeune homme sourit. Major. Il n’était donc pas si nul que cela à l’époque. A cette pensée, un courant électrique passait dans sa jambe, membre qui se crispait aussitôt, le faisant grimacer alors qu’il avait le nez dans son verre. Avec un peu de chance, sa chère et tendre n’aurait pas remarqué. C’était assez fréquent, il avait fini par s’y habituer, même si la douleur ressentie n’était jamais agréable et pouvait arriver n’importe où et n’importe quand. On lui avait expliqué au centre qu’il s’agissait d’une réaction normale suite à la blessure qui était loin d’être bénigne. Alors il ne cherchait plus à comprendre pourquoi.

Le verre vide était reposé sur la table alors que les lèvres de Linden venaient se poser contre les siennes. Paupières closes, il répondait au baiser, rassuré. Kieran sourit à la remarque de la belle blonde, c’était sa façon de lui montrer qu’il ne comptait pas partir. Pourquoi le ferait-il ? Pour aller où ? Chez lui ? Pour faire quoi ? Il n’aimait plus être enfermé dans une pièce, non pas qu’il soit claustrophobe mais il se sentait plus à l’aise dans de larges espaces. Il se laissait doucement attirer vers une table, doucement il venait l’embrasser une nouvelle fois et restait bien sagement assit. Sentir ses mains effleurer les siennes avait quelque chose d’apaisant. Puis la question tombait, inattendue. Fronçant les sourcils, l’amnésique plongeait son regard dans celui de la jeune femme puis signait à la négative. « Pourquoi voudrais-je la revoir ? C’est une étrangère Lin’… ».

La soirée battait son plein, l’amnésique renouait avec un passé qu’il avait oublié. Toutefois, il aimait l’ambiance et surtout la voir là, à ses côtés, mains dans les mains. Contact rassurant. Elle évoquait Rory, Kieran penchait la tête sur le côté, sans vraiment comprendre le sens de sa question. Elle n’était qu’une étrangère à présent, et rien ne pouvait laisser présager qu’il pourrait retomber amoureux d’elle. Non, le jeune homme signait à la négative, pourquoi voudrait-il la revoir ? Il ne savait rien d’elle, ne mettait même pas un visage sur ce nom. Fronçant les sourcils, il restait immobile un moment, alors que Linden reprenait déjà la parole pour lui expliquer qu’elle était loin d’être une étrangère avant. Pendant tout le long de ses mots, l’ancien militaire signa à la négative, ne voulant se résoudre à y croire une seule seconde. Non, cette Rory ne pouvait avoir de réponses, au fond, elle l’effrayait, mais pourquoi ? Observant finalement la moue de sa bien aimée, l’amnésique pinçait les lèvres, son regard s’égarant sur le sol. Agacé il finit par froncer les sourcils. « Je ne veux pas parler d’elle, je ne la connais pas et je suis sûr qu’elle ne pourrait pas m’aider. ». Il n’avait peut être pas tort, sans doute Rory ne voudrait pas l’aider, après tout pourquoi le ferait-elle ? Il l’avait abandonné lâchement, tombant amoureux de Linden sans même l’avoir prédit, alors qu’elle était restée avec lui dans les moments difficiles. Ca, Kieran ne s’en rappelait pas, il ne pouvait donc pas connaître le mal qu’il avait fait à la jeune femme, son ex-fiancée. Puis, il balayait rapidement ces pensées là, il ne voulait plus entendre parler d’elle et de son éventuel mariage avec elle. A vrai dire, le jeune homme ne se voyait pas vraiment marié, avec la jolie blonde en face de lui pourquoi pas, mais pas à l’heure actuelle. Il ne voulait pas précipiter les choses car il avait la nette impression qu’avec Rory, ça avait été le cas.

L’éclair de mauvaise humeur qui avait traversé ses prunelles le temps d’un instant venait de disparaître alors que la jeune femme semblait analyser chacun des traits de son visage. Kieran ne bougea pas, restant simplement immobile, son regard à lui voguant sur les courbes de Linden, avec un sourire en coin. Puis elle lâchait finalement des paroles qu’il ne compris pas au début. Arquant un sourcil, il observait la blonde dans les yeux, l’air interrogateur, avant de sourire davantage, celui-ci étirant considérablement ses traits. En guise de réponse, il se penchait vers elle et déposait ses lèvres contre les siennes en un tendre baiser. Baiser qui se fit tout de même un peu plus fougueux que les précédents, tout simplement parce qu’il renouait avec « lui-même », s’étant probablement perdu dans les méandres du regard de la jeune femme qu’il aimait tant. « Je pense que ce qui m’a fait craquer chez toi… C’est ta force de caractère. Pour le reste… ». Il marquait une pause, un sourire malicieux aux lèvres. « On ne peut pas dire que tu sois vilaine à regarder, au contraire… J’ai l’impression de défaillir à chaque fois. ». Nouveau sourire, c’était qu’il draguait ouvertement là ! La dernière phrase, il l’avait murmuré au creux de son oreille avant de poser un baiser dans le creux de son cou et de la laisser reculer vers le bar. Tout sourire, Kieran la laissait s’envoler vers les vestiaires après avoir acquiescé d’un signe de tête à son geste. Juste avant qu’elle ne se sauve, il la regardait, main dans les poches, le regard fiévreux et toujours aussi malicieux, il prononçait un « Je t’aime » sans qu’aucun son ne sorte de sa bouche. Une fois qu’elle eut récupéré ses affaires, l’amnésique saluait Barry, puis se laissait entrainer dehors à la suite de sa dulcinée. A l’extérieur, ils s’étaient dirigés vers la voiture avant que Linden ne fasse volte face et s’arrête droit devant lui. Kieran ne la quittait pas des yeux et sourit à sa réflexion et au baiser qui vint ensuite. « Dans ce cas tu veux faire quoi ? Je ne suis pas pressé de rentrer non plus. ». Non, bien sûr que non il ne l’était pas, rentrer dans cette maison encore quasi vide ne l’intéressait plus désormais, au contraire, ça l’angoissait, les murs encore blancs, neufs, ça ne lui rappelait que trop bien les moments passés en clinique. Des souvenirs, certes, très proches, des souvenirs d’amnésique mais il se rappelait les regards qu’on lui avait jeté, comme s’il allait bondir sur chacun d’eux, voilà pourquoi il n’était pas pressé de rentrer, intérieurement, il espérait qu’elle le kidnappe pour la nuit.